L’expatriation implique des changements pour chaque membre de la famille. Un nouvel équilibre est à trouver. L’expatriation peut être mal vécue par le conjoint qui accompagne mais aussi plus étonnamment par celui à l’origine du départ. Des solutions existent à Hong Kong comme nous l’explique le Docteur Cossoul.
On ne présente pas souvent les expatriés comme des personnes traversant des moments difficiles, pourtant l’expatriation peut être cause de tourments. La famille va être challengée et les nouveaux rapports établis peuvent se faire au détriment d’un des conjoints.
Un accompagnement par un thérapeute lors de séances avec tous les membres de la famille permettra redéfinir plus sereinement de nouveaux équilibres.
“D’abord, un départ crée naturellement des zones de tension, nous explique le docteur Jean-Baptiste Cossoul. Tous les membres de la famille subissent un éloignement de leur pays natal, ils voient leurs relations changer avec la distance et ils en seront plus ou moins affectés“.
“Au niveau des parents poursuit-il, l’expatriation peut créer une redéfinition des équilibres au sein d’une famille”. Ainsi quand seulement l’un des deux parents travaille, le conjoint “accompagnant” devra trouver une nouvelle place.
“Le parent qui accompagne pourra être en situation de “disponibilité”. Il prendra alors plus de responsabilités dans l’éducation des enfants. À l’inverse, la personne qui travaille sera parfois “ménagée” et pourra être associée uniquement aux loisirs ou aux activités sportives.”
“Ce nouvel équilibre n’est pas en soi négatif” nous confirme le Dr. Cossoul “mais, il le devient s’il impacte négativement l’un des individus de la cellule familiale.”
Un conjoint au foyer trop impliqué dans la vie de famille?
Très souvent, les rôles au sein de la famille se redéfinissent sans problème. Mais dans certains cas, l’un des parents peut se retrouver enfermé dans un rôle.
Ce peut être le cas pour les responsabilités familiales pour le conjoint qui ne travaille pas. “En lui faisant endosser seul ces responsabilités, on professionnalise en quelque sorte le conjoint dans sa fonction parentale.
Il devient celui qui doit s’occuper des enfants et de la maison.”
En cas de situations difficiles, par exemple un conflit avec un enfant, le conjoint ne peut pas les oublier temporairement comme au travail où il suffit de refermer la porte du bureau. Il peut aussi ressentir une pression trop importante si l’éducation est délaissée par l’autre conjoint.
Le Dr. Cossoul nous l’explique en termes plus cliniques. “Dans une famille, l’expatriation peut accentuer les positions qu’occupent le père ou la mère. En règle générale, les gens trouvent leur équilibre, mais certaines fois, les positions se rigidifient et l’enfermement est quelque chose qui potentiellement peut créer de la souffrance.”
Un conjoint au bureau trop impliqué dans son travail?
La situation peut être inverse, cette fois du côté du parent qui travaille. Le conjoint passe de longues journées au bureau, il voyage beaucoup délaissant ainsi la vie de famille. “En exagérant un peu, certaines familles peuvent fonctionner presque comme des couples avec une garde partagée” nous confie un brin provocateur le Dr. Cossoul.
La personne en souffrance peut ainsi être celui à qui l’on prédisait une situation confortable. Mais, il lui faudra du temps avant qu’il l’admette. “Le conjoint peut se sentir coupable, il estime être à l’origine du changement, même si les décisions d’expatriation sont souvent collectives, et il va refuser de se plaindre”.
“Cognitivement, c’est compliqué de sortir d’un schéma [celui de s’être convaincu que l’expatriation sera bénéfique et positive] dans lequel on est rentré avec les meilleures intentions du monde, nous indique le Dr. Cossoul, mais il faut pouvoir le faire pour améliorer … et tout le monde doit conserver un droit de plainte, c’est important »
Un rééquilibrage faisant intervenir chaque membre de la famille
Si la souffrance, l’anxiété ou la dépression s’installe du fait de ces situations, le docteur nous rappelle qu’il peut y avoir un accompagnement individuel ou encore un travail en famille ou avec le conjoint.
“En groupe, il faut comprendre les “positions” de chaque membre. Souvent le simple fait d’en parler débloque certaines situations. Les rôles sont alors conscients et c’est plus simple de les faire évoluer ” nous confie le thérapeute.
Dans cette prise en charge familiale, chaque acteur est un élément essentiel.
“Je vais rechercher cliniquement l’acteur qui est le plus fluide dans le mouvement, précise le Dr. Cossoul. “En effet, quand un thérapeute cherche à faire évoluer une situation, il s’intéresse à la personne qui a le plus grand degré de liberté, car elle peut changer sa focalisation et sa ré-implication dans la famille beaucoup plus facilement. Cette personne n’est d’ailleurs parfois pas celle que la famille nommerait si on lui demandait de faire ! »
Pour conclure, le Dr. Cossoul se veut rassurant : “Oui, l’expatriation peut être assimilée à une crise mais cette situation de crise est positive ; faire bouger les équilibres est et sera nécessaire. La situation ne deviendra négative que si elle bloque l’un des individus au sein de la famille.”
Jean-Baptiste Cossoul intervient en plus des consultations au cabinet médical, en visite à domicile dans le cadre d’un suivi régulier ou en cas de crise ou d’urgence. Vous pouvez prendre RV en contactant le 2523 8044 ou par email info@drsusanjamieson.com